Sous l’Empire, après la prise en 1808 de Madrid, siège de l’Ordre de la Toison d’Or espagnole, puis l’année suivante de Vienne, siège de l’ Ordre de la Toison d’Or autrichienne, l’Empereur Napoléon 1er décidait la création d’un Ordre impérial militaire, à l’insigne comportant trois toisons d’or. Ces dernières devant symboliser la réunion de l’Autriche, de l’Espagne et de la France.
C’est à Schönbrunn en Autriche, le 15 août 1809, que l’Empereur promulguait les lettres patentes constituant l’Ordre impérial des Trois Toisons d’Or. Mais ce nouvel Ordre était pratiquement « mort-né ». Aucune nomination n’ayant été faites depuis sa création, l’Empereur prononcera, le 27 septembre 1813, sa dissolution et la réunion de tous ses biens à la Légion d’honneur. La forte réticence de l’armée, ainsi que la désapprobation des membres de la Légion d’honneur, se sentant en disgrâce en craignant que leur décoration ne fût dévalorisée, avaient eu raison de la volonté de Napoléon.
Voici ce qu’aurait dut être cet Ordre impérial, dont le comte Bernard de Lacepede fut nommé provisoirement Grand chancelier ; l’Empereur étant le Grand maître. Le 14 octobre 1810, le général Andreossy recevait définitivement la charge de Grand chancelier et le comte Schimmelpenninck celle de grand trésorier.
Certains domaines pris dans les états de Rome et les mines d’Idria constituaient les biens de cet Ordre qui aurait dû se composer de 1 000 Chevaliers, 400 Commandeurs et 100 Grands chevaliers. Les titulaires devaient percevoir une rente : 1 000 francs pour les Chevaliers, 4 000 francs pour les Commandeurs.
Exception faite des princes de sang, des grands dignitaires de l’Empire, du président du Sénat, des ministres chargés d’un département après 10 ans d’exercice et des ministres d’État après 20 ans d’exercice, l’Ordre ne devait être attribué qu’en période de guerre aux soldats les plus méritants ; certains de ceux-ci étant proposés par élection au sein de leur régiment. Une lettre du général Compans, datée du 29 septembre 1809, en explique le principe : « Le général réunira les colonels et les chefs de bataillon et leur fera faire séparément la présentation d’un capitaine, d’un lieutenant, d’un sous-lieutenant pour Commandeur et d’un sous-officier ou soldat pour Chevalier. Ces présentations seront faites secrètement et cachetées par les colonels et les chefs de bataillon et adressées directement au Grand chancelier. Le général de son côté effectuera une semblable proposition sans communiquer, sur le choix, avec les colonels et les chefs de bataillon et l’enverra cacheté au Grand chancelier. »
Les aigles surmontant les drapeaux et étendards des régiments qui avaient participés aux huit plus grandes batailles d’Ulm à Wagram devaient aussi en être décorés. Un uniforme, avec cuirasse d’or et casque, devait être porté par les membres de l’Ordre des Trois Toisons d’Or.
L’Ordre impérial des Trois Toisons d’Or devait récompenser :
¨ les soldats les plus méritants, ayant reçu au combat trois blessures au moins ;
¨ les drapeaux et étendards des régiments ayant participés aux huit plus grandes batailles d’Ulm à Wagram ;
¨ les princes de sang de l’Empire ;
¨ les grands dignitaires de l’Empire ;
¨ le président du Sénat ;
¨ les ministres chargés d’un département après 10 ans d’exercice ;
¨ les ministres d’État après 20 ans d’exercice.
Insignes de l'Ordre
Le baron Lejeune avait réalisé un dessin de l’insigne selon les desiderata de Napoléon, qui stipulait : « sera mon aigle aux ailes déployées, tenant suspendue dans chacune de ses serres une des toisons antiques qu’elle a enlevées et elle montrera fièrement en l’air, dans son bec, la toison que j’institue. »
Si plusieurs médaillistes et joailliers réalisèrent des modèles ; c’est celui du fabricant Coudray qui fut choisi par le Conseil d’administration de l’Ordre et présenté à l’Empereur.
Rappelant dans ses grandes lignes le pendentif de l’Ordre de la Toison d’Or ; c’était un insigne double face en or représentant trois dépouilles de bélier suspendues à un motif central comportant une pierre bleue de laquelle partaient de chaque côté des étincelles orangées. Ce motif était surmonté par un aigle couronné et aux ailes déployés.
Projet de plaque
Pendentif