Charles de Valois-Bourgogne, dit Charles le Téméraire (Dijon, 10 ou 11 novembre 1433– Nancy, 5 janvier 1477) est, après Philippe II le Hardi, Jean sans Peur et Philippe III le Bon, le quatrième et dernier duc de Bourgogne (de la branche des Capétiens-Valois), souverain de l'État bourguignon.
Charles le Téméraire en armure de combat
Ce surnom de Téméraire prévaut, en France et en Belgique à partir du XIXe siècle, à l'époque romantique, bien qu'on le rencontre déjà sous la plume du chroniqueur, évêque de Lisieux, Thomas Basin, vers 1484. Ses contemporains le qualifiaient plus souvent de Hardi, de Travaillant, de Guerrier, voire de Terrible, certains de ces sobriquets étant probablement nés de la devise qu'il s'était choisie : « Je l'ay emprins », c'est-à-dire : « Je l'ai entrepris ».
Charles le Téméraire est un prince français, descendant et héritier direct de quatrième génération du roi de France Jean II le Bon et du duché de Bourgogne. Mais par sa mère, il est de sang Lancastre, Plantagenêt, et descend du roi Édouard III d'Angleterre, lui-même petit-fils de Philippe IV le Bel. Cette double ascendance royale explique peut-être un trait de caractère (dénoncé par Thomas Basin : « Il lui prit un tel orgueil qu'il en vint à ne ménager, estimer ou craindre personne ») qui concourut à sa perte.
Il est l'arrière-grand-père de l'empereur romain-germanique et roi d'Espagne Charles Quint et le père de la duchesse Marie de Bourgogne (1457-1482), qui, à la mort du Téméraire en 1477, alliera un État bourguignon en grand danger d'être conquis par Louis XI, à la maison des Habsbourg d'Autriche, par son mariage avec le futur empereur romain-germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519).
« Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer », cet aphorisme de Charles le Téméraire (repris un siècle plus tard par Guillaume d'Orange) est un peu l'illustration de son destin.
Né le 10 ou le 11 novembre 1433 au palais des ducs de Bourgogne de Dijon, Charles est le troisième fils (les deux premiers, Antoine et Joseph, étant morts en bas âge) du duc Philippe III de Bourgogne (Philippe le Bon) (1396-1467), et de sa troisième épouse Isabelle de Portugal (1397-1472), fille du roi Jean Ier de Portugal.
Charles est élevé aux Pays-Bas bourguignons, un ensemble de provinces formant la partie septentrionale de l'État bourguignon et correspondant aux pays modernes de Belgique et Pays-Bas. Il grandit avec ses cousin et cousine, enfants de sa tante Marie de Bourgogne († 1463), épouse du duc Adolphe II de Clèves :
- Le duc Jean Ier de Clèves.
- Catherine, qui épousera le duc Arnold de Gueldre (duché de Gueldre, aux Pays-Bas)
Homme d'un courage exceptionnel, très instruit et travailleur, il fait preuve d'un caractère violent et impulsif. Il recourt volontiers à la force et à la guerre pour obtenir ce qu'il veut (encore qu'au Moyen Âge, il incombe au souverain d'un État de faire la guerre aux ennemis de celui-ci et que l'État bourguignon s'étant constitué aux dépens du royaume de France et du Saint-Empire romain germanique, il était sous la menace presque constante d'un choc en retour).
En 1452, alors qu'il n'a que dix-neuf ans et n'est encore que comte de Charolais (actuelle Saône-et-Loire, en Bourgogne), il réprime avec une extrême brutalité le soulèvement des Flamands lors de la rébellion de Gand dans les Pays-Bas bourguignons et se trouve au combat de Rupelmonde, et à la bataille de Gavere.
Quelques années plus tard (septembre 1456), se produit un événement qui aura à terme des conséquences funestes pour Charles comme pour l'État bourguignon : le dauphin de France (futur Louis XI), fuyant la vindicte paternelle, cherche refuge en terre bourguignonne. Son cousin Philippe le Bon, à qui il demande asile, lui alloue une pension annuelle de 48 000 livres ainsi que le château de Genappe comme résidence. Louis y demeura jusqu'à la mort de Charles VII (22 juillet 1461) qui le fit enfin roi. Durant ces presque cinq années, Genappe (depuis lequel le dauphin en exil observe les intrigues de la cour bourguignonne, sonde les esprits de ceux qui la composent, s'emploie à séduire ceux qui pourront lui être utiles, note discrètement les forces et faiblesses d'un Etat encore fragile) devient « le siège d'une puissance européenne».
Alors que Philippe le Bon, son père vieillissant, règne encore sur les riches mais disparates terres bourguignonnes, Charles prend la tête de la redoutable Ligue du Bien public qui s'est formée contre Louis XI parce que celui-ci voulait briser l'indépendance de ses plus puissants vassaux (Bourgogne, Bretagne, Bourbon). Le 16 juillet 1465, Charles tient en échec son royal adversaire à la bataille de Montlhéry, après qu'au cours de celle-ci, les cavaliers du comte du Maine, c'est à dire l'aile gauche de l'armée du roi, aient pris la fuite sans même combattre.
Aidé des princes coalisés, le hardi Bourguignon assiège ensuite Paris, contraignant Louis XI à signer le traité de Conflans (5 octobre 1465), par lequel Bourgogne récupère ou obtient la Picardie, notamment Amiens, Abbeville, Guines et Saint-Quentin, mais aussi Boulogne-sur-Mer.
Le 25 août 1466, Charles prend d'assaut et brûle Dinant, en bord de Meuse, en révolte contre le protectorat bourguignon. Il espère ainsi étouffer les velléités d'indépendance de la principauté de Liège, une terre d'Église dont le contrôle est indispensable à l'unification des Pays-Bas bourguignons mais qui conteste l'autorité de celui que Philippe le Bon a placé sur le trône épiscopal : le prince-évêque Louis de Bourbon, son neveu. Les Liégeois semblent entendre la leçon puisque, dès le 10 septembre 1466, ils reconnaissent par le traité d'Oleye le duc de Bourgogne comme "avoué héréditaire de Liège", c'est à dire comme le seigneur laïc chargé de défendre le temporel de l'évêché. Ainsi, ce qui n'était qu'un protectorat devient, de fait, une véritable seigneurie bourguignonne étendue sur Liège et tous les territoires de la principauté.
Philippe le Bon meurt le 15 juin 1467. Charles hérite du duché de Bourgogne, ainsi que de tous les titres et possessions de son père : duc de Lothier, de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg, comte de Flandre, d'Artois, de Bourgogne palatine, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise. Il est premier pair de France, mais, en dehors de ses campagnes, il réside à Bruges, Bruxelles et Malines. Il fonde une puissante armée bourguignonne de métier mais aussi (et cela sera une des raisons de son effondrement final) de mercenaires issus de tous les pays d'Europe. Charles de Valois-Bourgogne perpétue la politique de ses prédécesseurs : volonté d'indépendance souveraine de l'État bourguignon vis-à-vis du royaume de France et, pour contrer celui-ci, alliance avec le royaume d'Angleterre dans la guerre de Cent Ans. Son souhait le plus ardent est de joindre en un royaume d'un seul tenant ses terres des deux Bourgognes (ou « pays de par-delà ») et ses possessions du nord : Picardie, Artois, Boulonnais, Flandre et autres Pays-Bas bourguignons (ou « pays de par-deçà »). Pour y parvenir, il va jusqu'à tenter de rallumer la guerre de Cent Ans, en s'alliant formellement avec son beau-frère le roi Édouard IV d'Angleterre et en le convainquant de réenvahir la France. Mais, redoutable manœuvrier et doté de moyens financiers supérieurs, Louis XI réussira à dénouer cette alliance anglo-bourguignonne : il signe avec Édouard IV d'Angleterre le traité de Picquigny en 1475, mettant un terme définitif à la guerre de Cent Ans. Dès lors, l'« Universelle Araigne » sera tout près de triompher du Téméraire...
Philippe le Bon n'est pas mort depuis trois mois que son fils se voit contraint de mater une révolte des Liégeois. Il les écrase une première fois à la bataille de Brustem près de Saint-Trond (28 octobre1467). Nouvelle révolte à peine un an plus tard (alors même que Louis XI est imprudemment venu à Péronne, QG bourguignon du moment, discuter d'un accord de paix avec Charles, en échange de laquelle celui-ci veut obtenir une confirmation de la ligne de la Somme, ainsi qu'une juridiction souveraine sur ses fiefs français). Cette fois, malgré l'attaque surprise des Six cents Franchimontois et suite à celle-ci, le duc de Bourgogne prend la ville de Liège le 30 octobre 1468 et — en présence de Louis XI, probable instigateur de la révolte, qu'il a contraint à participer à cette expédition punitive— la livre au pillage et au feu, avant de la faire raser (dans le but de sceller ainsi en un seul bloc l'ensemble des "pays de par-deçà"). Cette mise à sac soulève, de la Hollande à l'Alsace, la réprobation des villes rhénanes.
En mai 1469, au traité de Saint-Omer, le duc d'Autriche Sigismond de Habsbourg lui cède en gage, pour 50 000 florins du Rhin, ses domaines de Haute-Alsace et le pays de Brisgau, du comté de Bade en Allemagne (plus précisément : le landgraviat d'Alsace, le comté de Ferrette, les quatre Waldstetten, le comté de Hauenstein et la ville de Brisach).
Quelques années plus tard, en juillet-août 1473, Charles s'empare du duché de Gueldre (situé de part et d'autre du Bas-Rhin), agrandissant ainsi les Pays-Bas bourguignons.
Se considérant souverain de droit divin, Charles le Téméraire qui travaille à faire de ses nombreuses possessions un État unifié et centralisé, représente un défi permanent pour le roi de France. À partir de la fin octobre 1468 (c’est-à-dire après l'entrevue et le traité de Péronne, puis la répression de l'insurrection liégeoise), les deux monarques se livrent un duel à mort : le règne du Téméraire n'est plus qu'une suite presque ininterrompue de guerres soit contre le roi de France, soit contre des ennemis que l'or du roi de France lui suscite. Pour résister à Louis XI, Charles cherche à s'allier tantôt à l'empereur germanique Frédéric III de Habsbourg, tantôt à Édouard IV d'Angleterre. Mais son souci obsessionnel de constituer à tout prix (aux dépens de ses voisins allemands, lorrains et autrichiens) le grand royaume rhénan dont il rêve va lui aliéner leur sympathie, en même temps que dilapider ses ressources et celles de ses États.
Ceux-ci, d'ailleurs, rechignent de plus en plus à financer son effort de guerre. Si les bourgeois (riches marchands ou simples artisans) des grandes villes de Flandre et autres provinces des Pays-Bas Bourguignons ne le soutiennent plus ou de moins en moins, c'est que Charles de Bourgogne, tout pétri qu'il est de chevalerie, n'a aucune considération22 pour eux et qu'il se refuse à admettre le pouvoir grandissant de ces démocrates avant la lettre qui résistent à ses vues. Cette politique va le conduire à sa perte.
Ses premiers revers sérieux, Charles les essuie : d'abord en 1472 devant Beauvais, si bien défendue par ses habitants (dont Jeanne Hachette) qu'il ne peut la prendre; puis dans l'affaire de l'archevêché de Cologne où ses tractations avec l'empereur romain germanique Frédéric III l'amènent à lever en juin 1475 le siège de Neuss (place forte rhénane et « verrou » de Cologne) entrepris depuis dix longs mois, sans succès concluant et avec une armée très affaiblie… ce qui incite Édouard IV d'Angleterre à prêter une oreille favorable aux offres de paix de Louis XI et à signer le traité de Picquigny le 29 août de la même année. Cet été-là, Charles occupe la Lorraine et, après un siège d'un mois, entre dans Nancy le 30 novembre 1475. Le 18 décembre, il annonce aux Lorrains qu'il fera de Nancy la capitale du royaume bourguignon.
La ligue de ses ennemis (essentiellement, la Basse-Union de quatre villes d'Empire de la région du Haut-Rhin : Strasbourg, Bâle, Colmar et Sélestat, Sigismond d'Autriche, les Confédérés suisses et, agençant l'ensemble, Louis XI) scellée par le traité de Constance (mars et juin 1474), ne lui en laissera pas le temps. L'Alsace s'est soulevée contre Charles notamment à cause de la mauvaise gestion de son bailli, Pierre von Hagenbach et aussi de son refus de la revendre à l'archiduc Sigismond d'Autriche pour un prix pourtant supérieur à ce qu'il la lui avait achetée. C'est ainsi qu'a commencé en automne 1474 ce qu'on connaît sous le nom de Guerre de Bourgogne. Berne et les autres membres de la Confédération des cantons suisses, encouragés et financés par Louis XI, ont déclaré la guerre au duc de Bourgogne le 25 octobre 1474, puis à son allié Jacques de Savoie (comte de Romont, baron de Vaud et beau-frère de Yolande de France, duchesse-régente de Savoie) le 14 octobre 1475. Les Confédérés ont d'abord enlevé quelques villes et places fortes (Cerlier en Savoie, Héricourt puis Pontarlier en Franche-Comté), avant d'envahir tout le pays de Vaud. Grandson, Orbe, Blamont, Morat, Estavayer, Yverdon, etc. tombent aux mains des Suisses.
Charles, pour répondre à l'appel de ses alliés et de ses vassaux, décide d'en finir avec les Confédérés et part en guerre contre eux. Il quitte Nancy le 11 janvier 1476 mais, trop sûr de son fait, il commet la double erreur de sous-estimer la valeur guerrière des Suisses et l'effet néfaste des retards de paiement sur l'humeur des mercenaires italiens qui composent une bonne partie de ses forces. Il est battu par les confédérés d'abord à Grandson, le 2 mars de la même année, où ses troupes se débandent, puis surtout à Morat, le 22 juin suivant, où son armée est taillée en pièces. Alors installé à Lyon, Louis XI y savoure la déroute bourguignonne, laquelle ne lui a coûté aucun homme de ses propres troupes mais beaucoup d'argent : selon le chroniqueur Philippe de Commynes, Louis aura, en tout, versé près d'un million de florins du Rhin aux Cantons suisses (pour apprécier l'importance de la somme, la rapporter aux 50.000 florins pour lesquels Charles le Téméraire obtint la cession de la Haute-Alsace et du Brisgau).
En octobre 1476, avec une armée reconstituée vaille que vaille, Charles le Téméraire qui veut sauver le trait d'union lorrain entre les Bourgognes et ses Etats du nord, remet le siège devant Nancy, reprise entre-temps par le duc René II de Lorraine. Là, refusant de se replier en son duché de Luxembourg, il trouve la mort le 5 janvier 1477 à la bataille se déroulant au sud de la ville, vraisemblablement de la main d'un gentilhomme de Saint-Dié, le châtelain de la Tour du Mont.
Lors de cette bataille, du fait de l'écrasante supériorité numérique des troupes lorraino-suisses (encore accentuée par la trahison d'un des lieutenants du Téméraire, Nicolas de Montfort, comte de Campobasso qui vient de passer à l'ennemi avec ses lances et mercenaires), l'armée bourguignonne est rapidement submergée34. Ce qu'il en reste se replie vers le pont de Bouxières-aux-Dames qui permettrait de fuir vers Metz. Mais Nicolas de Montfort y attend sa vengeance. Croyant ses cavaliers toujours fidèles à la cause bourguignonne et qu'ils sont restés là pour leur assurer le libre passage du pont, les Bourguignons se précipitent, mais Campobasso massacre les fuyards et les Suisses qui les poursuivent en font de même. Une sortie de la garnison de Nancy achève l'éparpillement des troupes du Téméraire.
Deux jours après la bataille, le corps du « Grand Duc d'Occident » est retrouvé, nu, le crâne fendu jusqu'aux dents par un coup de hallebarde, une joue rongée par les loups, au bord d'un étang marécageux dit « étang Saint-Jean », à l'emplacement de l'actuelle place de la Croix de Bourgogne, à Nancy. Une simple croix, au centre de cette place, a longtemps marqué l'endroit de sa mort (souvenir remplacé plus tard par un monument édifié à la mémoire du duc René II de Lorraine). Ramenée à Nancy, la dépouille mortelle du Téméraire est exposée sur un lit de parade dans la maison de Georges Marqueix, au numéro 30 de la Grande-Rue (cette maison n'existe plus aujourd'hui mais son emplacement est signalé par un pavage de granit noir et blanc dessinant une croix de Lorraine et la date 1477). Elle est ensuite inhumée sur place dans la collégiale Saint-Georges — aujourd'hui disparue. En 1550, elle est transférée à l'église Notre-Dame de Bruges à la demande de Charles Quint et y repose depuis dans le somptueux tombeau que le fils de celui-ci, Philippe II, fit élever pour son trisaïeul.
Il n'a pas sept ans quand on lui fait épouser, le 19 mai 1440, Catherine de France (1428-1446), elle-même âgée de douze ans, fille du roi Charles VII de France (et de Marie d'Anjou) et qui décèdera à dix-huit ans.
Veuf de sa première épouse, il épouse à Lille, le 30 octobre 1454, Isabelle de Bourbon (1437-1465), fille du duc Charles Ier de Bourbon. Charles aurait plutôt souhaité épouser Anne d'York (fille du duc Richard d'York, descendant direct du roi Édouard III d'Angleterre), mais son père lui rappela les termes du traité d'Arras, l'obligeant à épouser une princesse du sang de France. Quoi qu'il en soit, le mariage est heureux, et il en naît son seul enfant, la future duchesse Marie de Bourgogne (le 13 février 1457).
Le 2 ou le 3 juillet 1468, Charles épouse en troisièmes noces Marguerite d'York (1446-1503). Elle est fille du duc Richard d'York (à l'origine de la guerre des Deux-Roses) et sœur de l'actuel roi d'Angleterre, Édouard. Le mariage est célébré à Damme, l'avant-port de Bruges, par l'évêque de Salisbury. Puis suivent pendant dix jours, à Bruges même, des fêtes fastueuses qui constituent une promotion éclatante de l'État bourguignon.
À la mort de Charles, dernier duc de Valois-Bourgogne, le roi Louis XI, enfin débarrassé de son puissant rival (qui, de Péronne à Liège, l'avait en octobre 1468 tenu à merci pendant quelque trois semaines et que lui-même, pour se dégager du traité de Péronne, avait fait condamner pour félonie en décembre 1470), s'empare de la Picardie, du comté de Boulogne et surtout du duché de Bourgogne, une annexion confirmée quelques années plus tard par un nouveau traité d'Arras, celui du 23 décembre 1482.
Entre-temps, Marguerite d'York, veuve de Charles le Téméraire et protectrice de la duchesse Marie de Bourgogne pousse celle-ci (fille unique et héritière du Téméraire) à épouser le futur empereur germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519). Célébré à Gand le 19 août 1477, le mariage fait définitivement perdre à la France les Pays-Bas bourguignons et, en fait, toute la partie territoriale de l'État bourguignon (belge, luxembourgeoise, allemande ou « romain-germanique ») sur laquelle la couronne de France n'a aucun droit. En 1493, Maximilien Ier de Habsbourg, devenu veuf, récupérera au traité de Senlis : la Flandre, l'Artois, la Franche-Comté et le Charolais.
Il faudra attendre près de deux siècles pour que le comté de Bourgogne (ou Franche-Comté, car terre d'empire) soit en 1678 arraché aux Habsbourg d'Autriche et d'Espagne par Louis XIV. L'héritage de Charles le Téméraire fut l'objet de nombreuses batailles entre rois de France et maison Habsbourg d'Autriche et d'Espagne pendant plusieurs générations.