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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 08:42

 

JeanSansPeur1

   Jean Ier de Bourgogne, dit Jean sans Peur, duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois et de Charolais, comte palatin de Bourgogne, seigneur de Mâcon, Châlons et autres lieux (° 28 mai 1371 à Dijon - † 10 septembre 1419 à Montereau-Fault-Yonne), fut près de reconstituer l'ancienne Lotharingie ; mais faute d'avoir su s'imposer aux Anglais, ce prince réformiste ne parvint pas à contrer la réaction du parti Armagnac.

 

    Il perdit finalement Paris et trouva la mort lors d'une entrevue avec son rival, le dauphin (futur Charles VII de France).


   Il naît le 28 mai 1371 au palais des ducs de Bourgogne à Dijon. Il est le fils aîné du duc Philippe II de Bourgogne (dit Philippe le Hardi) et de la duchesse et comtesse Marguerite III de Flandre.


   Il est le frère d'Antoine de Bourgogne, comte de Rethel, puis duc de Brabant et de Limbourg.

Il est d'abord comte de Nevers en 1384, comté qu'il cède à son frère Philippe en 1404, lorsqu'il hérite du duché de Bourgogne.


   À l'appel du roi Sigismond de Hongrie, menacé par la progression des Turcs Ottomans, il réunit une armée qui combat le sultan Bayezid Ier, mais est vaincu à Nicopolis le 25 septembre 1396. Son père, Philippe emprunta pour payer sa rançon 200 000 florins à son conseiller Dino Rapondi, un banquier de Lucques .


   Son père meurt le 27 avril 1404. Il prête hommage au roi Charles VI le 23 mai  1404 et fait son entrée à Dijon le 17 juin 1404. Le 21 mars 1405, c'est sa mère qui meurt et, après l'hommage rendu le 26 août 1405, il prend possession des comtés de Flandre, d'Artois et de Bourgogne. Le 26 janvier 1406, il se fait reconnaître les droits acquis par son père sur la tutelle des enfants de France. Le roi le fait lieutenant général pour la Picardie et la Flandre. Il prend sous sa protection l'Abbaye de Saint-Martin d'Autun et avait constitué six gardiens spéciaux charger de veiller à tous les intérêts de l'abbaye. Il autorise en outre à marquer de ses armes toutes les maisons des sujets de cette Abbaye, en signe de sauvegarde. La folie du roi Charles VI entraîne la création d'un conseil de régence présidé par la reine Isabeau de Bavière et où s'opposent de façon irréductible le frère de Charles VI : Louis d'Orléans et le cousin germain de Charles VI : Jean sans Peur. Celui-ci fait assassiner le duc Louis d'Orléans le 23 novembre 1407, ce qui lui vaut d'être exclu du conseil de régence.

   Le 23 septembre 1408, il écrase les Liégeois à la bataille d'Othée, obtient l'alliance des duché de Luxembourg et de Lorraine, et continue la construction de l'État bourguignon.

Allié à la reine Isabeau de Bavière, il s'empare de l'autorité royale et reçoit en novembre 1411 la mission de chasser les Armagnacs, mais la Paix d'Arras (4 septembre 1414) l'écarte du gouvernement. En 1416, profitant de la mort du duc Jean Ier de Berry, il s'empare du comté de Boulogne au détriment de la veuve, Jeanne d'Auvergne. Le 29 avril 1417, à Constance, il s'allie avec l'empereur.


   Les Armagnacs considèrent la reine Isabeau de Bavière comme suspecte à leur cause et l'écartent du pouvoir, mais Jean sans Peur la rejoint et constitue avec elle à Troyes un gouvernement opposé à celui des Armagnacs. Après avoir suscité, le 12 juin 1418, une insurrection au cours de laquelle le comte Bernard VII d'Armagnac est massacré, ils rentrent à Paris le 14 juillet 1418 où ils transfèrent le gouvernement de Troyes.


   Jean sans Peur est assassiné le 10 septembre 1419 par quelques hommes de main des Armagnacs à l'occasion d'une entrevue avec le dauphin à Montereau-Fault-Yonne près de Paris. À sa mort, il paraît que l'on était incapable de lui fermer les yeux. Son corps est ramené d'Auxerre à Avallon par Claude de Chastellux qui le remet ensuite à Guillaume de la Tournelle chargé du trajet jusqu'à Dijon.


   Comme son père Philippe le Hardi, Jean sans Peur a été enterré à la Chartreuse de Champmol. Philippe le Bon, fils et héritier de Jean sans Peur, se charge de lui faire exécuter un tombeau monumental, digne de son rang de prince, sur le modèle de celui de Philippe le Hardi. La commande en est donnée à Claus de Werve, alors sculpteur officiel des ducs de Bourgogne, qui avait achevé le tombeau de Philippe le Hardi. Le chantier dure en longueur et à la mort de Claus de Werve en 1439, le chantier est confié à son successeur Jean de la Huerta. Il est achevé par un troisième sculpteur, Antoine le Moiturier.


   Le tombeau de Jean sans Peur est copié sur celui de son père. Il s'agit donc d'un gisant sur dalle noire, avec un cortège de pleurants en soubassement. Jean sans Peur partage son tombeau avec son épouse, Marguerite de Bavière. La qualité est comparable à celui de Philippe le Hardi, bon nombre de pleurants sont même des copies conformes des pleurants du tombeau de Philippe, mais par la suite, lors du remontage des tombeaux, les pleurants ont été mélangés, rendant difficile toute comparaison stylistique.

 

Jean-sans-peur.jpg   Déplacé à Saint-Bénigne en 1792, le tombeau est aujourd'hui, comme celui de Philippe le Hardi, présenté au musée des Beaux-Arts de Dijon.

 

 

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                                Ecu de Jean sans peur

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 07:12

   Jacques-Bénigne Bossuet, (27 septembre 1627 à Dijon - 12 avril 1704 à Paris) était un homme d'Église, prédicateur et écrivain français.

 

Jacques-Bénigne Bossuet 3

       Portrait de Bossuet par Hyacinthe Rigaud

     

 

    Originaire d'une famille de magistrats, il fut d'abord placé chez les Jésuites de Dijon, qui lui dispensèrent une éducation classique (apprentissage du grec et du latin). Il vint à 15 ans achever ses études à Paris, au collège de Navarre, où il eut pour maître Nicolas Cornet : il y étudia en profondeur la philosophie et la théologie. Pourtant destiné au sacerdoce, il fréquenta pour quelque temps les mondains : Corneille ne lui déplaisait pas, il s'adonnait à l'écriture de vers précieux et ne dénigrait pas l'Hôtel de Rambouillet. Ordonné sous-diacre à Langres en 1648, il rompit avec le siècle et rédigea une Méditation sur la Brièveté de la Vie, qui porte les traces de ses futurs ouvrages. La même année, il exposa le principal de ses idées sur le rôle de la Providence, dans sa Méditation sur la félicité des saints. Il est considéré comme un des plus grands orateurs que la France ait jamais connus. En 1652, reçu docteur en théologie, il est ordonné prêtre : il devient l'archidiacre de Sarrebourg dans le même temps, puis, en 1654, celui de Metz.

 

   Appelé souvent à Paris, il commença à s'y faire une grande réputation pour ses sermons et ses panégyriques des saints. Il prêcha un avent et un carême devant la reine-mère et devant le roi, et opéra parmi les Protestants un grand nombre de conversions, entre lesquelles on cite celles de Turenne et de sa nièce Mademoiselle de Duras, de Dangeau. C'est pour l'aider à accomplir ces conversions qu'il rédigea son Exposition de la doctrine de l'Église. Bossuet subit plusieurs influences : celles du jésuite Claude de Lingendes, des jansénistes Saint-Cyran et Singlin, et celle plus remarquable de Vincent de Paul. Ce dernier tenait, à Saint-Lazare, des conférences sur la prédication, auxquelles Bossuet assistait. Son éloquence en fut marquée, elle se fit plus proche et plus simple.

La plupart de ses discours improvisés sont perdus. Quelques heures avant de monter en chaire, il méditait son texte, jetait sur le papier quelques paroles, quelques passages des Pères, pour guider sa marche ; quelquefois il dictait rapidement de plus longs morceaux, puis se livrait à l'inspiration du moment, et s'étonnait de l'impression qu'il produisait sur ses auditeurs.

Il ne nous est parvenu que deux cents environ sur les cinq ou six cents sermons prononcés, car Bossuet ne les considérait pas comme des œuvres littéraires dignes d'être imprimées. C'est à la fin du XVIIIe siècle que certains sermons furent conservés, grâce au travail de Dom Deforis. Cependant, ce ne sont en réalité que des brouillons, alourdis par les ratures et les variantes, et qui ne nous offrent qu'une idée approximative de sa prédication.

 

   Le 21 septembre 1670, Charles-Maurice Le Tellier devenu archevêque de Reims, consacre, avec l'assentiment du Pape, Jacques Bénigne Bossuet comme évêque de Condom (Gers), en l’église des Cordeliers à Pontoise ; mais l'année suivante il renonce à ce poste pour celui de précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV.

 

 

   Il devient précepteur du dauphin Louis de France, le fils du roi Louis XIV et de Marie-Thérèse en septembre 1670 mais l'éloquence du prélat est peu faite pour un enfant de 10 ans et le dauphin avouera plus tard que ses différents précepteurs l'ont dégoûté à jamais de tout effort intellectuel. Il terminera cette mission en mars 1680, date du mariage de son élève avec Marie Anne Christine de Bavière.

 

En 1681, Jacques Bénigne écrit son Discours sur l'histoire universelle dans lequel, après avoir présenté un résumé rapide des évènements, il en cherche la raison dans les desseins de Dieu sur son Église. Il y mêle Providence et référence à des sources (aussi bien la Bible et les docteurs de l’Église que les auteurs gréco-latins, comme Hérodote). « On fut étonné, dit Voltaire, de cette force majestueuse avec laquelle il a décrit les mœurs, le gouvernement, l'accroissement et la chute des grands empires, et de ces traits rapides d'une vérité énergique, dont il peint et juge les nations. » Pour le Dauphin, il écrivit aussi le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, dans lequel il suit en général la doctrine de René Descartes, et se montre aussi profond philosophe qu'écrivain.

 

   Bossuet s'était réservé l'enseignement de l'histoire, qu'il considérait comme fondamental pour la formation du prince. Pendant près de dix ans, il raconta au dauphin l'histoire des rois qui s'étaient succédé à la tête du royaume, en tirant de ce récit des enseignements politiques, psychologiques et moraux ; le récit fut mené jusqu'au règne de Charles IX. Le dauphin devait résumer oralement la leçon, puis la rédiger en français et la mettre en latin sur des cahiers qui ont été conservés.

Il écrivit lui-même les livres de classe pour son royal élève.

 

   En 1681, lorsque l'éducation du dauphin fut achevée, il fut nommé évêque de Meaux (d'où la périphrase « l'Aigle de Meaux », parfois utilisée pour le désigner) et se livra dès lors aux soins de l'épiscopat, fit de fréquentes prédications, rédigea le célèbre Catéchisme de Meaux (1687) et composa pour des religieuses de son diocèse les Méditations sur l'Évangile et les Élévations sur les Mystères.

À cette activité épiscopale il joignait une œuvre de théologien : la controverse contre le protestantisme. Il publia notamment l'Histoire des variations des églises protestantes (1688). Le ministre protestant Pierre Jurieu ayant répondu à cet ouvrage, Bossuet publie les Avertissements aux protestants sur les lettres du ministre Jurieu contre l'Histoire des variations. Dans le cinquième de ces Avertissements, il nie la thèse du contrat explicite ou implicite entre le prince et ses sujets, que soutenait Jurieu, et formule la phrase célèbre : « De condamner cet état [= l'esclavage], ce serait non seulement condamner le droit des gens, où la servitude est admise, comme il paraît par toutes les lois; mais ce serait condamner le Saint-Esprit, qui ordonne aux esclaves, par la bouche de saint Paul, de demeurer en leur état, et n'oblige point leurs maîtres à les affranchir », phrase que Flaubert fera figurer dans son Sottisier.

 

   Bossuet joua un grand rôle de prédicateur et de directeur de l'assemblée du clergé de France.

Dans l'assemblée du clergé de 1682, à l'occasion des démêlés entre le roi et le pape, il fut l'auteur de la déclaration sur les libertés de l'Église gallicane en 1682, qui fixait les limites du pouvoir du Pape, et rédigea les Quatre articles de 1682 qui sont demeurés une loi de l'état et qui ont donné lieu à de vives discussions. Le pape en fut très irrité et les fit brûler.

Cette déclaration du clergé de France, plus communément appelée Déclaration des quatre articles, fixe jusqu’à la fin de l’Ancien régime la doctrine des libertés de l’Église gallicane. Elle aura une énorme influence sur l’histoire de l’Église de France, prédisposant aux futures réformes religieuses des Constituants dans la Constitution civile du clergé de 1790.


   Monseigneur François de Caulet est l'un des deux évêques, avec celui d’Alet, qui se sont opposés à la politique gallicane de Louis XIV, qui culminera avec la Déclaration des quatre articles rédigée largement sous l'égide de Bossuet. Ces deux évêques semblaient d’obédience janséniste, mais dans ce contexte précis, il y a eu convergence d'intérêt avec Rome, ce qui fait de Caulet et, après la mort de celui-ci en 1680, de son Vicaire Antoine Charlas, des "ultramontains" avant la lettre - ce terme n'existe pas au XVIIe siècle, mais la réalité qu'il recouvre existe bel et bien.

 

   Bossuet se trouva par là en lutte avec Fénelon, qui penchait vers le quiétisme : il poursuivit son adversaire à la fois auprès du roi, qui disgracia et exila l'évêque de Cambrai, et auprès du pape, qui condamna les Maximes des Saints où il soutenait la doctrine de l'amour de Dieu pour lui-même, sans aucun mélange de cette crainte que les théologiens appellent servile. On lui reproche d'avoir porté trop d'aigreur dans cette affaire.

 

   Après une lente et douloureuse agonie, Bossuet mourut à Paris le 12 avril 1704 de la maladie de la pierre. L'autopsie eut lieu le lendemain. "On trouva dans sa vessie qui était toute gâtée, une pierre grosse comme un oeuf" écrit l'abbé Ledieu.

 

 

 

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   Sur la place Saint-Jean à Dijon, devenue place Bossuet, quoi de plus normal qu’une statue de… Bossuet ? L’érection du grandiose monument, pourtant, n’alla pas de soi. C’est que l’idée avait été lancée par Mgr Le Nordez, le plus contesté des évêques de Dijon. Après sa démission forcée, la statue demeura longtemps à Saint-Bénigne, avant qu’on ne se décide en 1921 à l’inaugurer en grande pompe.

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 06:57

   Philippe III de Bourgogne, dit Philippe le Bon (Dijon, 1396 - Bruges, 1467), prince français de la troisième branche bourguignonne de la dynastie capétienne et duc de Bourgogne et des Pays-Bas bourguignons de 1419 à 1467 et autres titres.

 

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   Né à Dijon le 31 juillet 1396, il est le fils unique du duc de Bourgogne Jean sans Peur et de Marguerite, fille du duc Albert de Bavière. Il est le père du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, qui lui succède.

Le règne du duc Philippe est marqué par : son alliance décevante avec l'Angleterre (traité de Troyes du 21 mai 1420), l'ascension irrésistible de Charles VII au trône de France (1429), la réconciliation (aux allures de retournement d'alliance) de la Bourgogne avec la couronne de France (traité d'Arras du 20 septembre 1435), l'accroissement du domaine héréditaire des ducs de Bourgogne (avec notamment la constitution entre 1429 et 1433 des Pays-Bas bourguignons, renforcés en 1443 du duché de Luxembourg), enfin l'acquisition d'une indépendance de fait pour ce qu'on appelle aujourd'hui l'État bourguignon.


   Philippe devient duc de Bourgogne le 10 septembre 1419, à la mort de son père, Jean sans Peur, poignardé sur ordre de son ennemi, le dauphin Charles (futur roi Charles VII de France). Il décide, lors d'une rencontre du 25 décembre 1420, de maintenir l'alliance avec l'Angleterre contre les rois de France afin de venger le meurtre de son père Jean sans Peur avec l'aide du roi Henri V d'Angleterre. Le duc de Bourgogne Philippe Le Bon, le roi Charles VI de France et le roi Henri V d'Angleterre forment une triple alliance contre le dauphin (le futur Charles VII), dont ils mettent la légitimité en cause (il serait né d'une liaison de sa mère, Isabeau de Bavière, avec Louis d'Orléans, frère du roi de France Charles VI). Tous trois signent le traité de Troyes le 21 mai 1420, dans la cathédrale de Troyes. Le 2 juin, dans la même cathédrale, Henri V d'Angleterre épouse Catherine de Valois, fille légitime de Charles VI de France et d'Isabeau de Bavière. Il est convenu qu'après la mort de Charles VI de France, Henri V d'Angleterre deviendra roi de France par son mariage avec la seule héritière légitime du trône de France.


   Philippe de Bourgogne assiège Montereau avec l'aide d'Henri V d'Angleterre, exhume le cadavre de son père (Jean sans Peur, assassiné lors d'une entrevue sur le pont de Montereau), et le fait enterrer dans la chartreuse de Champmol de Dijon, auprès de son grand-père, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi. En tant que Pair de France, Philippe le Bon demande ensuite réparation pour le meurtre de son père, devant le lit de justice. Le chancelier Nicolas Rolin plaide pour Philippe le Bon, mais Henri V d'Angleterre refuse de sanctionner les meurtriers, trahissant ainsi la promesse faite à Rouen.


   Le 31 août 1422, Henri V d'Angleterre meurt et, avant de mourir, demande à son frère, le duc de Bedford, de confier la régence de son successeur, Henri VI d'Angleterre, au duc de Bourgogne Philippe le Bon. Celui-ci refuse.


   Le 1er septembre 1422, Henri VI d'Angleterre devient roi d'Angleterre à l'âge de dix mois. En attendant sa majorité, son oncle (le duc de Bedford, frère de son père) devient régent du royaume d'Angleterre. Le 21 octobre 1422, le roi de France Charles VI meurt à son tour. C'est ainsi que Henri VI d'Angleterre devient roi d'Angleterre et roi de France à l'âge de un an. Le duc de Bedford devient également régent du royaume de France. Le dauphin Charles de France est écarté du trône.
Cette situation marque le début de la seconde phase de la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre. L'alliance entre la Bourgogne et l'Angleterre est renforcée en 1423 lorsque le duc de Bedford, Jean de Lancastre, épouse Anne de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Jean sans Peur et sœur de Philippe le Bon.
Ce rapprochement anglo-bourguignon n'a d'ailleurs pas forcément fait l'unanimité des deux camps ou partis : certains princes anglais (notamment le duc de Gloucester, les comtes de Suffolk et de Salisbury) auraient même, de 1424 à 1426, tramé un complot visant à attenter à la vie du duc de Bourgogne.


   Au décès de Jean IV de Brabant, le 5 avril 1417, époux de Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaut, de Zélande, de Hollande et dame de Frise, Philippe le Bon profita de la situation pour se voir confier le gouvernement du comté de Hainaut en tant qu’héritier présomptif de Jacqueline (Jacqueline était la cousine germaine de Philippe. La mère de Philippe le Bon étant Marguerite de Bavière-Straubing, fille du duc Albert) et prêta serment à Ste-Waudru de Mons : le duc de Bourgogne est mentionné dans les actes, à partir de cette époque, comme s’instituant « héritier (ou, hoir) du comté de Hainaut. »  En 1429, à la mort du marquis Jean, Philippe le Bon prend possession du comté de Namur, dans les Pays-Bas du Sud, que le marquis lui avait vendu en viager en 1421 pour 132 000 couronnes d'or avec usufruit jusqu'à sa mort.
Le 4 août 1430, Philippe le Bon devient duc de Brabant, de Lothier et de Limbourg, en succession de Philippe de Saint-Pol.

 

 


   Le 12 avril 1433, Philippe le Bon devient comte de Hainaut, de Hollande, de Zélande et seigneur de Frise après la "trahison" de Jacqueline de Bavière. Celle-ci ne conservant que le titre de "comtesse d'Ostrevant (Hainaut), avec les revenus y afférents. Ces possessions, réunies avec les autres possessions bourguignonnes du Nord (Artois, Flandre, Brabant, Namur, Limbourg), forment désormais les Pays-Bas bourguignons, même si d'autres Etats viendront les agrandir.

En juin 1441, il confirme à l'Abbaye de Saint-Martin d'Autun, la Charte du duc Eudes qui promet de ne rien usurper sur St-Martin.


   Enfin en 1443 la mort de la tante de Philippe le Bon, la duchesse Elisabeth de Goerlitz du Luxembourg, permet au duc de prendre possession du Luxembourg.

En 1435 à Arras des discussions s'ouvrent sur la fin de la guerre de Cent Ans et le rétablissement de la paix entre la France et l'Angleterre. Sont présents les rois d'Angleterre, du Portugal, de Pologne, de Sicile, d'Écosse, le duc Philippe le Bon et son épouse Isabelle de Portugal. Le chancelier Nicolas Rolin, fondateur des Hospices de Beaune, est l'âme et le cerveau de ces négociations. Les Anglais refusent l'annulation du traité de Troyes et quittent la négociation. La paix d'Arras est signée le 20 septembre 1435. Charles VII de France fait amende honorable pour le meurtre de Jean sans Peur et jure de punir les coupables. Charles VII confirme les territoires conquis par Philippe le Bon avec l'aide des Anglais. Bourgogne obtient de plus la rupture du lien de vassalité qui le rattachait au roi de France.



    Les Anglais, furieux contre leur ancien allié, menacent Philippe le Bon. En retour, celui-ci tente de reprendre Calais, mais le siège ayant tourné au désastre pour ses troupes, Philippe le Bon se retire en Flandre.

Le 23 mai 1430, les troupes bourguignonnes du comte Jean II de Luxembourg-Ligny et du comte de Guise assiègent Compiègne, que Jeanne d'Arc tente de défendre. Au cours d'une sortie, les Bourguignons la font prisonnière et Philippe le Bon la livre au duc de Bedford, régent de France et d'Angleterre, pour la somme de 10 000 livres. Celui-ci la confie alors à un allié des Anglais, l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, qui inculpe Jeanne d'Arc d'hérésie chrétienne. Le 30 mai 1431, Jeanne d'Arc, après avoir été jugée par l'Église, est brûlée vive en place du Vieux-Marché à Rouen.


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Philippe le Bon, statue au palais des ducs de Bourgogne de Dijon

 

   En 1437 une révolte éclate à Bruges contre Philippe le Bon. Il manque d'y laisser la vie, mais finalement pacifie la ville avec l'aide de Gand et d'Ypres.
En 1439, Philippe signe la paix de Gravelines avec Henri VI d'Angleterre, ce qui permet une reprise du commerce entre le royaume insulaire et la Flandre.
En 1453, c'est au tour des Gantois de se soulever; ils sont écrasés à Gavere.


   Philippe III de Bourgogne est désormais le plus puissant prince de la chrétienté et le duché de Bourgogne au faîte de sa puissance. On peut même parler d'Etat bourguignon.
Le 17 février 1454, Philippe le Bon donne le banquet du Faisan à Lille, où, suite à la prise de Constantinople par les Turcs, le 29 mai 1453, il fait le vœu (pieux et qui le restera) de lancer une nouvelle croisade.


    Début septembre 1456, le dauphin Louis (le futur Louis XI de France) passe en Bourgogne pour s'y mettre à l'abri de la vindicte de son père. Rencontrant Philippe le Bon à Bruxelles le 15 octobre, il lui demande asile. Philippe lui alloue le petit château de Genappe, à 20 km de Bruxelles, comme résidence, ainsi qu'une pension annuelle de 36 000 puis 48 000 livres. Commentaire cinglant et prémonitoire de Charles VII : « Mon cousin de Bourgogne a donné asile à un renard qui, un jour, lui dévorera ses poules ». Le dauphin de France restera à Genappe jusqu'à la mort de son père qu'il apprendra le 25 juillet 1461.


   Le 15 juin1467, Philippe le Bon s'éteint à Bruges à l'âge de 71 ans. Charles le Téméraire hérite alors du duché de Bourgogne et de tous les titres et fiefs burgundo-flamands de son père, devenant ainsi le nouveau souverain de l'Etat bourguign

 

 

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                         Armoiries de Philippe III de Bourgogne

 

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 15:45

 Notre association avait créé dès la années 80 un Prix Henry Vincenot, laissé depuis pour d’évidentes raisons a la famille de ce dernier qui fait vivre, au combien, la mémoire de ce grand bourguignon.

Le premier Prix Henri Vincenot fut remis à l’auteur Saint Loup (Marc Augier) en 1986.

 

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   Par un remarquable paradoxe, Henri  Vincenot, chantre du monde rural, enraciné, est né à Dijon, le 2 janvier1912. Les attaches campagnardes restent solides, décisives, même. Les vacances ramènent l’enfant du coté de l’Auxois, ou il devient vite expert en paysages autant qu’en humanité paysanne. Cela n’empêche pas ce bon élève de suivre les cours d’H.E.C. et après son service militaire au Maroc,  des cours de dessin et de sculpture aux Beaux-Arts de Dijon  de faire carrière dans les chemins de fer. Ces  talents de plume et de dessins sont découverts et lui valent de rejoindre pour plus de vingt ans  la rédaction de La vie du rail. Suite à cela, il y donne les fameuses chroniques des Voyages du Pr. Lorgnon, il y réalise aussi les dessins illustrant les articles, plus tard réunis dans plusieurs livres : Le professeur Lorgnon prend le train.


   Il a passé les 40 ans lorsque paraît son premiers roman : Je fus un saint. En 1954, Walther, ce boche, mon ami, évoque l’amitié d’un historien français et d’un officier allemand, passionnés de celtisme dans l’Autunois de l’occupation. Ce livre fera polémique…

Le public à la recherche d’une lecture authentique, réserve un gros succès à La Billebaude (1978) et place cette fois Vincenot dans la légende, l’envoie  sur des plateaux télé et notamment auprès de Pivot dans Apostrophes.

1982, se sont Les étoiles de compostelle. Un extrait :

   - Toi, mon fils, tu  es un celte et tu comprends ce qui est clair, simple, sain et lumineux ! Tout est maladif, tourmenté  et ténébreux chez les pauvres Judes !

   -Les Judes?

   - Les Hébreux ! ceux qui ont crucifié le Christ.

   - Pouah ! fit Jehan, méchants qu’ils étaient ? C’est pour ça qu’on les parques, a part, dans les villes ?

   -Pour ça, oui… et pour d’autres choses…

 

   En marge de ses activités littéraires, Henri Vincenot, dès que le temps lui en laisse  le loisir, sculpte  le bois ou prend le pinceau et se délasse en en peignant les paysages de la campagne bourguignonne. Il se retire à Commarin en 1968, quand il n’est pas dans son village de la Peurrye, autrefois abandonné et qu’il a reconstruit avec ses enfants.


    Il part le 21 novembre 1985, et le 23, inhumé auprès d’Andrée, son épouse, à la Peurrye, sous une Croix Celtique.


   La liste des ses ouvrages comprend près de 30 volumes, des romans, des ouvrages historiques sur les chemins de fer et sur la Bourgogne au temps de Lamartine et même un livre de recettes : Cuisine de Bourgogne. Il existe aussi, presque autant d’ouvrages inédits, romans, recueils de poèmes, mémoires, pièces de théâtre…

 

   L'œuvre d'Henri Vincenot, finalement, est profondément marquée par son attachement à la Bourgogne.


   Il remet en valeur les anciennes pratiques païennes celtiques, tout en montrant à quel point elles sont intégrées dans la culture populaire catholique. Il parle (pour ceux qui savent lire et comprendre entres les lignes) de Dieu, de la terre de nos pères, du travail et de la corporation, de la famille et du sang…   C’est pourquoi, aujourd’hui, alors que Vincenot est l’une des personnalités bourguignonne des plus populaire, on ne trouve parmi toutes ses œuvre plus qu’un seul  livre, dans les bibliothèques dijonnaises même !  

   

 

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 12:00

   Charles de Habsbourg, archiduc d'Autriche et prince des Espagnes, né le 25 février 1500 au Prinsenhof de Gand en Flandre, et mort le 21 septembre 1558 au monastère de Yuste dans la province d'Estrémadure en Espagne, est un prince de la maison de Habsbourg, considéré comme le monarque chrétien le plus puissant de son temps.


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Portrait de Charles Quint vers 1535

  

   Il a été duc titulaire de Bourgogne (souverain des Pays-Bas) sous le nom de Charles II (1515-1555), roi des Espagnes, sous le nom de Charles Ier (Carlos I), roi de Naples et de Sicile (1516-1556), mais il est resté à la postérité sous son nom d'empereur du Saint-Empire romain germanique (1519-1558), Charles V (Karl V.) (Quint signifiant cinquième en moyen français). Excepté cette dernière dignité, élective, cette accumulation de titres est le résultat involontaire d'une intense politique d'alliances matrimoniales qui a, faute d'autres prétendants, abouti à faire de Charles le seul héritier de cinq dynasties.

 

   Il est le dernier empereur germanique à nourrir le rêve carolingien d'un Empire prenant la tête de la Chrétienté. Cette ambition d'unité chrétienne face à la poussée du monde musulman dans les Balkans et en Méditerranée est brisée par l'opposition farouche et ininterrompue des rois de France François Ier et Henri II, ainsi que par la rupture religieuse provoquée par Martin Luther et les Réformes protestantes à partir de 1517. Ces deux conflits extérieurs occupent ses finances et son énergie pendant tout son règne, tandis que des révoltes intérieures en Castille, en Allemagne et dans les Flandres affaiblissent par moment les bases de son pouvoir.

 

   Au terme d'une vie de combats et de voyages, miné et désabusé par ses échecs face à la France, aux Luthériens et à sa propre famille, il finit par abdiquer et se dépouille en quelques années de ses possessions. Le 25 octobre 1555, il cède les Flandres, désormais unies et déliées du Saint-Empire, à son fils Philippe, déjà duc de Milan et roi de Naples. Il lui cèdera également les Espagnes l'année suivante et la Franche-Comté au seuil de la mort. Par une série de conventions avec son frère Ferdinand, il avait cédé dès les années 1550 les duchés Autrichiens à ce dernier. Fort de cette base germanique, c'est lui qui héritera de la couronne impériale à la mort de son frère.


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L'Empire européen de Charles Quint

 

 

 

     Citations:

 

   « Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval. »


   « J'ai appris l'italien pour parler au pape ; l'espagnol pour parler à ma mère ; l'anglais pour parler à ma tante ; l'allemand pour parler à mes amis ; le français pour me parler à moi-même. »


   « Le sang de la vigne me convient bien moins que la fille de l'orge »


    « Sur mon empire, le soleil ne se couche jamais »

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 12:24

   Charles de Valois-Bourgogne, dit Charles le Téméraire (Dijon, 10 ou 11 novembre 1433Nancy, 5 janvier 1477) est, après Philippe II le Hardi, Jean sans Peur et Philippe III le Bon, le quatrième et dernier duc de Bourgogne (de la branche des Capétiens-Valois), souverain de l'État bourguignon.

Charle le Téméraire

                                Charles le Téméraire en armure de combat

 

 

   Ce surnom de Téméraire prévaut, en France et en Belgique à partir du XIXe siècle, à l'époque romantique, bien qu'on le rencontre déjà sous la plume du chroniqueur, évêque de Lisieux, Thomas Basin, vers 1484. Ses contemporains le qualifiaient plus souvent de Hardi, de Travaillant, de Guerrier, voire de Terrible, certains de ces sobriquets étant probablement nés de la devise qu'il s'était choisie  : « Je l'ay emprins », c'est-à-dire : « Je l'ai entrepris ».


   Charles le Téméraire est un prince français, descendant et héritier direct de quatrième génération du roi de France Jean II le Bon et du duché de Bourgogne. Mais par sa mère, il est de sang Lancastre, Plantagenêt, et descend du roi Édouard III d'Angleterre, lui-même petit-fils de Philippe IV le Bel. Cette double ascendance royale explique peut-être un trait de caractère (dénoncé par Thomas Basin : « Il lui prit un tel orgueil qu'il en vint à ne ménager, estimer ou craindre personne ») qui concourut à sa perte.


   Il est l'arrière-grand-père de l'empereur romain-germanique et roi d'Espagne Charles Quint et le père de la duchesse Marie de Bourgogne (1457-1482), qui, à la mort du Téméraire en 1477, alliera un État bourguignon en grand danger d'être conquis par Louis XI, à la maison des Habsbourg d'Autriche, par son mariage avec le futur empereur romain-germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519).

« Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer », cet aphorisme de Charles le Téméraire (repris un siècle plus tard par Guillaume d'Orange) est un peu l'illustration de son destin.

 

   Né le 10 ou le 11 novembre 1433 au palais des ducs de Bourgogne de Dijon, Charles est le troisième fils (les deux premiers, Antoine et Joseph, étant morts en bas âge) du duc Philippe III de Bourgogne (Philippe le Bon) (1396-1467), et de sa troisième épouse Isabelle de Portugal (1397-1472), fille du roi Jean Ier de Portugal.

Charles est élevé aux Pays-Bas bourguignons, un ensemble de provinces formant la partie septentrionale de l'État bourguignon et correspondant aux pays modernes de Belgique et Pays-Bas. Il grandit avec ses cousin et cousine, enfants de sa tante Marie de Bourgogne († 1463), épouse du duc Adolphe II de Clèves :

  • Le duc Jean Ier de Clèves.
  • Catherine, qui épousera le duc Arnold de Gueldre (duché de Gueldre, aux Pays-Bas)

 

   Homme d'un courage exceptionnel, très instruit et travailleur, il fait preuve d'un caractère violent et impulsif. Il recourt volontiers à la force et à la guerre pour obtenir ce qu'il veut (encore qu'au Moyen Âge, il incombe au souverain d'un État de faire la guerre aux ennemis de celui-ci et que l'État bourguignon s'étant constitué aux dépens du royaume de France et du Saint-Empire romain germanique, il était sous la menace presque constante d'un choc en retour).


   En 1452, alors qu'il n'a que dix-neuf ans et n'est encore que comte de Charolais (actuelle Saône-et-Loire, en Bourgogne), il réprime avec une extrême brutalité le soulèvement des Flamands lors de la rébellion de Gand dans les Pays-Bas bourguignons et se trouve au combat de Rupelmonde, et à la bataille de Gavere.


   Quelques années plus tard (septembre 1456), se produit un événement qui aura à terme des conséquences funestes pour Charles comme pour l'État bourguignon : le dauphin de France (futur Louis XI), fuyant la vindicte paternelle, cherche refuge en terre bourguignonne. Son cousin Philippe le Bon, à qui il demande asile, lui alloue une pension annuelle de 48 000 livres ainsi que le château de Genappe comme résidence. Louis y demeura jusqu'à la mort de Charles VII (22 juillet 1461) qui le fit enfin roi. Durant ces presque cinq années, Genappe (depuis lequel le dauphin en exil observe les intrigues de la cour bourguignonne, sonde les esprits de ceux qui la composent, s'emploie à séduire ceux qui pourront lui être utiles, note discrètement les forces et faiblesses d'un Etat encore fragile) devient « le siège d'une puissance européenne».


   Alors que Philippe le Bon, son père vieillissant, règne encore sur les riches mais disparates terres bourguignonnes, Charles prend la tête de la redoutable Ligue du Bien public qui s'est formée contre Louis XI parce que celui-ci voulait briser l'indépendance de ses plus puissants vassaux (Bourgogne, Bretagne, Bourbon). Le 16 juillet 1465, Charles tient en échec son royal adversaire à la bataille de Montlhéry, après qu'au cours de celle-ci, les cavaliers du comte du Maine, c'est à dire l'aile gauche de l'armée du roi, aient pris la fuite sans même combattre.
Aidé des princes coalisés, le hardi Bourguignon assiège ensuite Paris, contraignant Louis XI à signer le traité de Conflans (5 octobre 1465), par lequel Bourgogne récupère ou obtient la Picardie, notamment Amiens, Abbeville, Guines et Saint-Quentin, mais aussi Boulogne-sur-Mer.


   Le 25 août 1466, Charles prend d'assaut et brûle Dinant, en bord de Meuse, en révolte contre le protectorat bourguignon. Il espère ainsi étouffer les velléités d'indépendance de la principauté de Liège, une terre d'Église dont le contrôle est indispensable à l'unification des Pays-Bas bourguignons mais qui conteste l'autorité de celui que Philippe le Bon a placé sur le trône épiscopal : le prince-évêque Louis de Bourbon, son neveu. Les Liégeois semblent entendre la leçon puisque, dès le 10 septembre 1466, ils reconnaissent par le traité d'Oleye le duc de Bourgogne comme "avoué héréditaire de Liège", c'est à dire comme le seigneur laïc chargé de défendre le temporel de l'évêché. Ainsi, ce qui n'était qu'un protectorat devient, de fait, une véritable seigneurie bourguignonne étendue sur Liège et tous les territoires de la principauté.


   Philippe le Bon meurt le 15 juin 1467. Charles hérite du duché de Bourgogne, ainsi que de tous les titres et possessions de son père : duc de Lothier, de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg, comte de Flandre, d'Artois, de Bourgogne palatine, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise. Il est premier pair de France, mais, en dehors de ses campagnes, il réside à Bruges, Bruxelles et Malines. Il fonde une puissante armée bourguignonne de métier mais aussi (et cela sera une des raisons de son effondrement final) de mercenaires issus de tous les pays d'Europe. Charles de Valois-Bourgogne perpétue la politique de ses prédécesseurs : volonté d'indépendance souveraine de l'État bourguignon vis-à-vis du royaume de France et, pour contrer celui-ci, alliance avec le royaume d'Angleterre dans la guerre de Cent Ans. Son souhait le plus ardent est de joindre en un royaume d'un seul tenant ses terres des deux Bourgognes (ou « pays de par-delà ») et ses possessions du nord : Picardie, Artois, Boulonnais, Flandre et autres Pays-Bas bourguignons (ou « pays de par-deçà »). Pour y parvenir, il va jusqu'à tenter de rallumer la guerre de Cent Ans, en s'alliant formellement avec son beau-frère le roi Édouard IV d'Angleterre et en le convainquant de réenvahir la France. Mais, redoutable manœuvrier et doté de moyens financiers supérieurs, Louis XI réussira à dénouer cette alliance anglo-bourguignonne : il signe avec Édouard IV d'Angleterre le traité de Picquigny en 1475, mettant un terme définitif à la guerre de Cent Ans. Dès lors, l'« Universelle Araigne » sera tout près de triompher du Téméraire...


   Philippe le Bon n'est pas mort depuis trois mois que son fils se voit contraint de mater une révolte des Liégeois. Il les écrase une première fois à la bataille de Brustem près de Saint-Trond (28 octobre1467). Nouvelle révolte à peine un an plus tard (alors même que Louis XI est imprudemment venu à Péronne, QG bourguignon du moment, discuter d'un accord de paix avec Charles, en échange de laquelle celui-ci veut obtenir une confirmation de la ligne de la Somme, ainsi qu'une juridiction souveraine sur ses fiefs français). Cette fois, malgré l'attaque surprise des Six cents Franchimontois et suite à celle-ci, le duc de Bourgogne prend la ville de Liège le 30 octobre 1468 et — en présence de Louis XI, probable instigateur de la révolte, qu'il a contraint à participer à cette expédition punitive— la livre au pillage et au feu, avant de la faire raser (dans le but de sceller ainsi en un seul bloc l'ensemble des "pays de par-deçà"). Cette mise à sac soulève, de la Hollande à l'Alsace, la réprobation des villes rhénanes.


   En mai 1469, au traité de Saint-Omer, le duc d'Autriche Sigismond de Habsbourg lui cède en gage, pour 50 000 florins du Rhin, ses domaines de Haute-Alsace et le pays de Brisgau, du comté de Bade en Allemagne (plus précisément : le landgraviat d'Alsace, le comté de Ferrette, les quatre Waldstetten, le comté de Hauenstein et la ville de Brisach).


   Quelques années plus tard, en juillet-août 1473, Charles s'empare du duché de Gueldre (situé de part et d'autre du Bas-Rhin), agrandissant ainsi les Pays-Bas bourguignons.

Se considérant souverain de droit divin, Charles le Téméraire qui travaille à faire de ses nombreuses possessions un État unifié et centralisé, représente un défi permanent pour le roi de France. À partir de la fin octobre 1468 (c’est-à-dire après l'entrevue et le traité de Péronne, puis la répression de l'insurrection liégeoise), les deux monarques se livrent un duel à mort : le règne du Téméraire n'est plus qu'une suite presque ininterrompue de guerres soit contre le roi de France, soit contre des ennemis que l'or du roi de France lui suscite. Pour résister à Louis XI, Charles cherche à s'allier tantôt à l'empereur germanique Frédéric III de Habsbourg, tantôt à Édouard IV d'Angleterre. Mais son souci obsessionnel de constituer à tout prix (aux dépens de ses voisins allemands, lorrains et autrichiens) le grand royaume rhénan dont il rêve va lui aliéner leur sympathie, en même temps que dilapider ses ressources et celles de ses États.


   Ceux-ci, d'ailleurs, rechignent de plus en plus à financer son effort de guerre. Si les bourgeois (riches marchands ou simples artisans) des grandes villes de Flandre et autres provinces des Pays-Bas Bourguignons ne le soutiennent plus ou de moins en moins, c'est que Charles de Bourgogne, tout pétri qu'il est de chevalerie, n'a aucune considération22 pour eux et qu'il se refuse à admettre le pouvoir grandissant de ces démocrates avant la lettre qui résistent à ses vues. Cette politique va le conduire à sa perte.


   Ses premiers revers sérieux, Charles les essuie : d'abord en 1472 devant Beauvais, si bien défendue par ses habitants (dont Jeanne Hachette) qu'il ne peut la prendre; puis dans l'affaire de l'archevêché de Cologne où ses tractations avec l'empereur romain germanique Frédéric III l'amènent à lever en juin 1475 le siège de Neuss (place forte rhénane et « verrou » de Cologne) entrepris depuis dix longs mois, sans succès concluant et avec une armée très affaiblie… ce qui incite Édouard IV d'Angleterre à prêter une oreille favorable aux offres de paix de Louis XI et à signer le traité de Picquigny le 29 août de la même année. Cet été-là, Charles occupe la Lorraine et, après un siège d'un mois, entre dans Nancy le 30 novembre 1475. Le 18 décembre, il annonce aux Lorrains qu'il fera de Nancy la capitale du royaume bourguignon.


   La ligue de ses ennemis (essentiellement, la Basse-Union de quatre villes d'Empire de la région du Haut-Rhin : Strasbourg, Bâle, Colmar et Sélestat, Sigismond d'Autriche, les Confédérés suisses et, agençant l'ensemble, Louis XI) scellée par le traité de Constance (mars et juin 1474), ne lui en laissera pas le temps. L'Alsace s'est soulevée contre Charles notamment à cause de la mauvaise gestion de son bailli, Pierre von Hagenbach et aussi de son refus de la revendre à l'archiduc Sigismond d'Autriche pour un prix pourtant supérieur à ce qu'il la lui avait achetée. C'est ainsi qu'a commencé en automne 1474 ce qu'on connaît sous le nom de Guerre de Bourgogne. Berne et les autres membres de la Confédération des cantons suisses, encouragés et financés par Louis XI, ont déclaré la guerre au duc de Bourgogne le 25 octobre 1474, puis à son allié Jacques de Savoie (comte de Romont, baron de Vaud et beau-frère de Yolande de France, duchesse-régente de Savoie) le 14 octobre 1475. Les Confédérés ont d'abord enlevé quelques villes et places fortes (Cerlier en Savoie, Héricourt puis Pontarlier en Franche-Comté), avant d'envahir tout le pays de Vaud. Grandson, Orbe, Blamont, Morat, Estavayer, Yverdon, etc. tombent aux mains des Suisses.

 

   Charles, pour répondre à l'appel de ses alliés et de ses vassaux, décide d'en finir avec les Confédérés et part en guerre contre eux. Il quitte Nancy le 11 janvier 1476 mais, trop sûr de son fait, il commet la double erreur de sous-estimer la valeur guerrière des Suisses et l'effet néfaste des retards de paiement sur l'humeur des mercenaires italiens qui composent une bonne partie de ses forces. Il est battu par les confédérés d'abord à Grandson, le 2 mars de la même année, où ses troupes se débandent, puis surtout à Morat, le 22 juin suivant, où son armée est taillée en pièces. Alors installé à Lyon, Louis XI y savoure la déroute bourguignonne, laquelle ne lui a coûté aucun homme de ses propres troupes mais beaucoup d'argent : selon le chroniqueur Philippe de Commynes, Louis aura, en tout, versé près d'un million de florins du Rhin aux Cantons suisses (pour apprécier l'importance de la somme, la rapporter aux 50.000 florins pour lesquels Charles le Téméraire obtint la cession de la Haute-Alsace et du Brisgau).


   En octobre 1476, avec une armée reconstituée vaille que vaille, Charles le Téméraire qui veut sauver le trait d'union lorrain entre les Bourgognes et ses Etats du nord, remet le siège devant Nancy, reprise entre-temps par le duc René II de Lorraine. Là, refusant de se replier en son duché de Luxembourg, il trouve la mort le 5 janvier 1477 à la bataille se déroulant au sud de la ville, vraisemblablement de la main d'un gentilhomme de Saint-Dié, le châtelain de la Tour du Mont.


   Lors de cette bataille, du fait de l'écrasante supériorité numérique des troupes lorraino-suisses (encore accentuée par la trahison d'un des lieutenants du Téméraire, Nicolas de Montfort, comte de Campobasso qui vient de passer à l'ennemi avec ses lances et mercenaires), l'armée bourguignonne est rapidement submergée34. Ce qu'il en reste se replie vers le pont de Bouxières-aux-Dames qui permettrait de fuir vers Metz. Mais Nicolas de Montfort y attend sa vengeance. Croyant ses cavaliers toujours fidèles à la cause bourguignonne et qu'ils sont restés là pour leur assurer le libre passage du pont, les Bourguignons se précipitent, mais Campobasso massacre les fuyards et les Suisses qui les poursuivent en font de même. Une sortie de la garnison de Nancy achève l'éparpillement des troupes du Téméraire.


   Deux jours après la bataille, le corps du « Grand Duc d'Occident » est retrouvé, nu, le crâne fendu jusqu'aux dents par un coup de hallebarde, une joue rongée par les loups, au bord d'un étang marécageux dit « étang Saint-Jean », à l'emplacement de l'actuelle place de la Croix de Bourgogne, à Nancy. Une simple croix, au centre de cette place, a longtemps marqué l'endroit de sa mort (souvenir remplacé plus tard par un monument édifié à la mémoire du duc René II de Lorraine). Ramenée à Nancy, la dépouille mortelle du Téméraire est exposée sur un lit de parade dans la maison de Georges Marqueix, au numéro 30 de la Grande-Rue (cette maison n'existe plus aujourd'hui mais son emplacement est signalé par un pavage de granit noir et blanc dessinant une croix de Lorraine et la date 1477). Elle est ensuite inhumée sur place dans la collégiale Saint-Georges — aujourd'hui disparue. En 1550, elle est transférée à l'église Notre-Dame de Bruges à la demande de Charles Quint et y repose depuis dans le somptueux tombeau que le fils de celui-ci, Philippe II, fit élever pour son trisaïeul.


   Il n'a pas sept ans quand on lui fait épouser, le 19 mai 1440, Catherine de France (1428-1446), elle-même âgée de douze ans, fille du roi Charles VII de France (et de Marie d'Anjou) et qui décèdera à dix-huit ans.


   Veuf de sa première épouse, il épouse à Lille, le 30 octobre 1454, Isabelle de Bourbon (1437-1465), fille du duc Charles Ier de Bourbon. Charles aurait plutôt souhaité épouser Anne d'York (fille du duc Richard d'York, descendant direct du roi Édouard III d'Angleterre), mais son père lui rappela les termes du traité d'Arras, l'obligeant à épouser une princesse du sang de France. Quoi qu'il en soit, le mariage est heureux, et il en naît son seul enfant, la future duchesse Marie de Bourgogne (le 13 février 1457).

Le 2 ou le 3 juillet 1468, Charles épouse en troisièmes noces Marguerite d'York (1446-1503). Elle est fille du duc Richard d'York (à l'origine de la guerre des Deux-Roses) et sœur de l'actuel roi d'Angleterre, Édouard. Le mariage est célébré à Damme, l'avant-port de Bruges, par l'évêque de Salisbury. Puis suivent pendant dix jours, à Bruges même, des fêtes fastueuses qui constituent une promotion éclatante de l'État bourguignon.


   À la mort de Charles, dernier duc de Valois-Bourgogne, le roi Louis XI, enfin débarrassé de son puissant rival (qui, de Péronne à Liège, l'avait en octobre 1468 tenu à merci pendant quelque trois semaines et que lui-même, pour se dégager du traité de Péronne, avait fait condamner pour félonie en décembre 1470), s'empare de la Picardie, du comté de Boulogne et surtout du duché de Bourgogne, une annexion confirmée quelques années plus tard par un nouveau traité d'Arras, celui du 23 décembre 1482.

Entre-temps, Marguerite d'York, veuve de Charles le Téméraire et protectrice de la duchesse Marie de Bourgogne pousse celle-ci (fille unique et héritière du Téméraire) à épouser le futur empereur germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519). Célébré à Gand le 19 août 1477, le mariage fait définitivement perdre à la France les Pays-Bas bourguignons et, en fait, toute la partie territoriale de l'État bourguignon (belge, luxembourgeoise, allemande ou « romain-germanique ») sur laquelle la couronne de France n'a aucun droit. En 1493, Maximilien Ier de Habsbourg, devenu veuf, récupérera au traité de Senlis : la Flandre, l'Artois, la Franche-Comté et le Charolais.


   Il faudra attendre près de deux siècles pour que le comté de Bourgogne (ou Franche-Comté, car terre d'empire) soit en 1678 arraché aux Habsbourg d'Autriche et d'Espagne par Louis XIV. L'héritage de Charles le Téméraire fut l'objet de nombreuses batailles entre rois de France et maison Habsbourg d'Autriche et d'Espagne pendant plusieurs générations.556px-Map France 1477-fr.svg


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